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Les sociétés secrètes du Bénin

Pour appréhender l'univers des sociétés secrètes, il nous faut oublier Descartes et Saint Thomas car nous rentrons dans un monde spirituel plein de codes et très restreint à quelques initiés.

  

J'ai appris leur existence à Cotonou, par d'autres volontaires au début de mon séjour. Ce sujet me passionnant, je me suis mise en quête d'informations, et j'ai trouvé de tout. C'est d'ailleurs à cette occasion que Boris, un jeune du projet m'a dit faire partie de la société des Zangbeto. Il est l'exemple parfait de cette bipolarité caractéristique des béninois en matière de religion (dans le Sud en tout cas). Car, Boris va à la messe et se dit chrétien, alors que de l'autre côté il est animiste.Toutes ces sociétés secrètes sont basées sur la croyance en diverses divinités relatives à la Nature, aux éléments.

Dans le département de l'Ouémé-Plateaux, les sociétés secrètes les plus présentes sont : les Zangbeto, les Oro, les Guèlèdè et les Egun (Kutito).

 

Les Zangbeto (fantômes)

 

Version du yovo : les Zangbeto annoncent leur sortie en soufflant dans une corne. Ils ont pour mission de dépouiller et de mettre en prison tous ceux qui croisent leur chemin, pour ensuite les relâcher au matin.

 

Version de Pascal : il y a un Zangbeto par quartier. Si on les croise la nuit, il faut leur payer de l’alcool. Et après ils viennent chez toi, te font allonger par terre et te chicotte. Ensuite tu deviens Zangbeto. Ils sortent les jours où il n’y a pas le marché pour pouvoir bloquer la route sans gêner le commerce. Ils sortent vers 21 h 22 h.

 

Version de Boris : les Zangbeto sont les veilleurs de nuit. Le but est d’empêcher les voleurs d’opérer. Dès qu’ils entendent des rumeurs de vol, ils sortent.

 Les femmes n’ont pas le droit d’être Zangbeto.

Ils ont leur propre « langage », c’est-à-dire des codes de communication qui permettent de savoir rapidement si on fait parti de leur groupe ou pas quand on les croise de nuit. Quand on les voit, on doit payer une amande, on doit leur acheter haricots, alcool… Si on ne le fait pas, on est maudit pour la journée et les Zangbeto s’occupent de nous faire une mauvaise réputation.

La nuit, ils sortent à visage découvert, mais le jour et pour les cérémonies, c’est un « être » étrange, portant un masque de raphia. Boris n’avait pas le droit de me dire s’il y avait quelqu’un dessous ou si c’était vraiment l’esprit d’un fantôme…le mystère reste entier.

Ils ont aussi un rituel d’entrée. Cette cérémonie doit rester secrète, c’est pourquoi les Zangbeto seront maudits s’ils révèlent tous les détails. Je sais seulement que le nouvel arrivant doit payer du sodabi (alcool de palme), des haricots… puis il est plongé dans un climat d’intimidation et de peur. Et c’est tout ce que j’ai pu savoir. Les enfants de 10 ans peuvent être initiés, et un yovo peut l’être aussi. Qui veut bien essayer pour pouvoir me raconter ? Peut-être que révéler leur secret par écrit n’est pas précisé dans le sort de malédiction, peut-être que ça ne concerne que la transmission orale puisque que nous sommes dans des sociétés de l’oralité ?

 

Ce que m'a appris le dictionnaire : Cette société apparaît comme tant une force de police au service de la collectivité. Non seulement elle protège les habitants d'un village contre les voleurs ou d'éventuels ennemis, mais aussi entretient les chemins partant du village, fait l'inspection des concession et oblige les habitants à garder leur quartiers propres.

Leur vaudoun passe pour être un fantôme et porte un masque de raphia.

 

    

 

Il y a deux types de Zangbeto. Ceux sur les photos ci-dessus sont là pour danser et faire le liens avec les esprits, tandis que les petits (comme ci-dessous) ne sont utilisés que pour faire de la magie. Et avec Marion nous avons tout filmé et regardé au moins cinq fois la vidéo, car jamais personne ne sort de dessous le masque, et quand il est retourné, on ne voit personne dedans. Mais le plus bluffant c'est lorsqu'il s'est relevé pour repartir vers le temple, tout seul.

 


 

 

Les Olo (région du Plateau)

 

Explication de Pascal : Aujourd'hui ils ont une période de sortie fixe (début septembre) et il n’y en a pas à Dangbo. Les Olo dansent et chantent dans les rues et sont armés de coupe-coupe et de chicotte. S’ils voient quelqu’un, ils font en sorte de l’attraper en se séparant. Et là, si on touche la chicotte, on sera battu à mort et si c’est le coupe-coupe…, pour les femmes c’est pareil avec le viol en plus…

Parmi les Olo, il y a des enfants (bavi) et des femmes.

Ils ont une cérémonie qui consiste à monter dans un grand arbre, à enlever les branches sur le tronc et à en laisser une seule. Cette cérémonie est mystique et faite avec pleins de gri-gri et doit produire un miracle. Lequel je ne sais pas, je n’ai pas très bien compris.

 

Ce que m'a appris le dictionnaire : C'est la société secrète la plus violente qui soit. Quiconque se trouve sur le chemin d'un Olo (ou Oro) meurt ou est violemment battu. Pour éviter ce genre d'incident ils se manifestent la nuit au son lugubre des rhombes, et lors du décès d'un de ses membres par l'ébranchage total d'un arbre.

Olo poursuit les voleurs, les malfaiteurs et les femmes adultères. De même que les Zangbeto, ils sont liés à leur société secrète par des malédictions.

Par contre suivant les sources, les femmes sont ou non admises dans cette société.

 

 

Les Kutito

 

Ce que m'a appris le dictionnaire : Egun : masque de la société Kutito.

Mort considéré dans sa vie de l'au-delà, défunt. C'est aux Kutito que s'adresse le culte des morts : on leur offre des sacrifices sur des "aseen". Selon les croyances traditionnelles, les morts reviennent sur la tête des gens de la famille lorsqu'ils sont devenus vodouns, et ils reviennent vivre dans certains individus qu'ils protègent.

 

La société secrète des Kutito, strictement réservée aux hommes, représentent les morts des familles revenant sur terre pour apporter des nouvelles et des conseils à ceux qui ont mal enterré leur mort. Ainsi les morts, d'une certaine façon, régissent les vivants à travers cette société.

Les morts se manifestent à leurs descendants par l'intermédiaire d'un Kutito, esprit du mort revient sur terre. Ce dernier se révèle au vivants, en plein jour, caché de la tête aux pieds sous de beaux pagnes ornés de broderies, de coquillages et accompagné d'un homme (qui appartient à cette société) qui le protège des vivants qui désireraient le toucher.


Les Guèlèdè

Ce que m'a appris le dictionnaire : D'origine Yoruba, cette société secrète s'est implantée dans les villages de l'Ouémé. A travers cette société, les hommes essaient de se libérer de l'emprise des femmes. Ils pensent que toutes les femmes ont les capacités pour devenir sorcières et donc d'apporter la mort ou encore la perte des récoltes. Le but des rituels Gèlèdè, dont les danses avec les masques, est de rendre les "sorcières" favorables à toute la population.

La société Gèlèdè est dirigée au plus haut niveau par des femmes. Les porteurs des masques, eux, sont tous des hommes qui ne sont que des exécutants.

Chez les Fons, on appelle le masque "antinkpikà" : bois action de tailler.

La femme responsable s'appelle ya(a)lagbè, l'homme (o)galagbo.

Ce que j'ai entendu dire : j'ai entendu plusieurs personnes raconter que les Gèlèdè fabriquaient des masques pour défiler dans les rues soit pour encenser une bonne action effectuée par un villageois, soit pour blâmer une mauvaise action. Malheureusement, je n'ai pas pu vérifier par moi-même car je n'ai pas eu l'occasion de les rencontrer.


source : http://www.canadaworldyouth.org/

 

Les mots interdits

 

Dans mon dictionnaire de Fon, j’ai découvert que certain mots ne devaient pas être prononcés la nuit. Profitant de la présence de la vieille de ma maman méoui (terme affectueux pour désigner les grands-mères), je lui pose la question. Par exemple, le savon : koto. Le savon est fabriqué à base d’huile rouge (l’huile extraite des noix de palmier). Les sorciers vaudoun maîtrisent à la perfection les pouvoirs de cette huile et si l’on nomme le savon par son nom on peut être maudit. Le soir, si l’on veut acheter de l’huile rouge, ami vovo, ont dit nouvèvè : ce qui est rouge.

 

Pour plus de photos, cliquez sur le lien suivant :

 

https://plus.google.com/photos/101372938184988355569/albums/5884866096949240113

 



14/11/2010
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