Hello Afrique

Hello Afrique

Le blanc, la France et les femmes

Quelle vision idyllique ils en ont !

C’est vrai que nous sommes plus riches qu’eux, mais ce n’est pas l’Eldorado. Quand j’essaie de leur expliquer que se marier avec une blanche ou de venir en France ce n’est pas forcément la bonne solution pour vivre mieux, ils ne comprennent pas. Il faut bien leur dire que tout n’est pas rose en Occident. Ils ne savent même pas qu’il y a des meurtres, des viols, des vols et de la violence. Ils pensent qu’ils vont venir et qu’ils vont faire fortune. Quelle ignorance, certains pensent même venir en Europe, trouver une femme, rentrer au pays et profiter de l’argent de la famille. Comment peuvent-ils aider leur pays avec des idées pareilles ?

Nous allons demander à ATD Quart-Monde (une ONG qui aide les gens dans la très grande pauvreté) de nous prêter un reportage sur la misère en France pour leur montrer qu’il faut être préparer et qu’on peut aussi tout perdre et se retrouver dans la misère.

Aujourd’hui, quand j’ai été au marché avec ma maman béninoise, les vendeuses ont augmenté tous les prix juste parce qu’elle était accompagnée d’une yovo. Elle a dû tout renégocier ! Quand on se promène dans le village, c’est yovo par-ci yovo par-là, donne moi de l’argent, donne moi de la nourriture… On tente de leur expliquer que nous sommes ici pour les aider pas pour leur donner de l’argent, mais en général ils ne comprennent pas puisque peu parlent bien français.

Et puis, dans les discussions, a été abordée l’image de la femme blanche. Pour eux nous sommes des femmes faciles. Alors leur dire que ce n’est pas une généralité a été difficile. Je leur ai dit que chez nous ce genre de filles se voyaient plus qu’ici, mais que y’en a partout. Je pense qu’ils ont cette image de nous à cause de tous ces clips vidéo qui passent à la télévision.

Du coup on a embraillé sur l’amour. Ceux avec qui je discutaient sont étudiants. Sachant que j’ai un copain, ils ont essayé de me persuader que si Dieu mettait un autre homme sur mon chemin, je ne resterais pas avec Olivier. J’ai tenté de leur expliquer que quand on est amoureux il faut faire des efforts et que je n’ai pas envie de changer. Ils pensent que l’amour ça n’existe pas et qu’on n’est pas maître de notre destin. Que tout arrive à cause ou grâce à Dieu. Ils sont fatalistes. Et ce même quand ils ratent leur brevet ou leur BAC, c’est facile comme solution. Une fois, trois jeunes sont arrivés à la bibliothèque, et deux d’entre eux voulaient discuter sexualité ! Ils me demandent si en France on peut avoir une copine pendant les études, alors je leur dis oui du moment qu’on a le sens des priorités et qu’on adopte un comportement responsable. On parle du préservatif. Un me dit qu’il aime pas ça. Alors je lui dit : « Ce n’est pas la question ! Le préservatif ça évite la propagation du Sida et autres maladies dangereuses ! Et que si avec la fille en question la relation est sérieuse, ils font un test et puis voilà. » et il a même fallu que j’ajoute que pour avoir un enfant il faut attendre d’être installé dans la vie pour ne pas vivre sur le dos des parents. Et puis on parle des femmes, de la polygamie, qu’en France c’est interdit et que nous avons les mêmes droits que les hommes. Ils me disent alors qu’ils ne veulent pas de femmes françaises. Après je finis par dire que dans tous les cas, la femme ou fille doit être consentante sinon c’est un viol. Ils n’ont rien dit, pas bougé d’un pouce, aucune réaction. Qu’est-ce qu’il faut en penser ? Ont-ils compris ce que viol signifie ? Toutes les filles qu’ils ont eues ont-elles été consentantes ?

Un autre une fois est venu le frère d’un des habitués de la bibliothèque. Il me demande si je crois en Dieu, je dis non : il me répond « c’est débile ». Alors je lui demande de répéter. Et je m’énerve un peu parce que moi je ne juge pas ses croyances, je les respecte. Et ils sont tous comme ça, ils ne respectent pas ce que pense les autres. Et puis quand on aborde le sujet des femmes, je sens bien que pour lui on est des moins que rien. Alors je m’énerve et lui dis que s’il ne respecte pas les femmes il n’a rien à faire dans ma bibliothèque. Parce que quand il apprend que nous partageons les tâches ménagères, il dit qu’il ne veut plus de femme française. On n’est pas des bonnes. Les femmes, à Dangbo du moins, sont soumises, aucune n’a de caractère. Aucun homme ne connaît la frustration du « non ». Sans cesse en train de négocier, d’essayer d’arriver à leur fins, de vrais boulets ! Quand on me demande si les livres scolaires peuvent-être empruntés et que je dis non, ils cherchent toujours à avoir des dérogations. Ils ne respectent aucunes règles. Et même quand je dis non pour mon numéro, que je le donne qu’à ceux que je connais, ils cherchent des arguments pour me convaincre de le faire. C’est fatigant et très énervant. Maintenant je ne garde plus mon calme. De toute façon, si on veut que les choses bougent, faut s’énerver. A partir de ce moment ils comprennent bien. Plusieurs fois à la bibliothèque j’ai entendu que nous, les blancs, on leur devait pleins de choses, puisque c’est grâce à eux si on a été riches et qu’ils ont soufferts pour nous. Ils nous en veulent pour l’esclavage. Et alors, ce n’est pas ma faute ! C’est avec des étudiants et des terminales que j’ai eu ces discussions. Et après ils me disent que les blancs sont avares, racistes, peu accueillants… mais ils voient toujours la France comme un pays où faire fortune. Ils ont aussi du mal à comprendre que je suis ici pour les aider sans me rendre indispensables, que si je leur donne de l’argent pendant mon séjour, lorsque je vais partir ils vont se retrouver tous seuls et de nouveau dans leurs problèmes.

Émile (le responsable de nous sur place) me répète souvent qu’il ne faut pas y faire attention car ce sont des gens sans éducation. Mais je ne suis pas d’accord. Tous ceux avec qui j’ai eu ces discussions sont en terminale ou à l’université. La vision du blanc n’est pas une question d’éducation, ou alors c’est l’éducation qui est mal faite et qui ne leur donne pas l’ouverture d’esprit nécessaire. Pourquoi ne comprennent-ils pas que s’ils veulent s’en sortir il faut qu’ils comptent que sur eux-mêmes et que les blancs ne sont là que pour leur indiquer le chemin et les former ?



07/11/2010
1 Poster un commentaire

A découvrir aussi


Ces blogs de Voyages & tourisme pourraient vous intéresser

Inscrivez-vous au blog

Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour

Rejoignez les 17 autres membres