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La symbolique de l'éléphant au Laos

Ce que la légende raconte

La légende veut que les éléphants aient eu des ailes. A cette époque-là, ils volaient dans le ciel, parmi les nuages, libres des chemins de la Terre. Malheureusement, leur poids ne faisait que les ramener vers le sol, vers les êtres ordinaires. C’est donc chargés de l’eau du ciel, si bénéfique aux Hommes, que les éléphants descendirent jusqu’à eux et acceptèrent de les servirent.

Depuis lors, les éléphants parcourent les sentiers de forêts ou de montagne, les routes construites par les Hommes, sans craindre ni la poussière ni la boue, passant simplement leur chemin.

Car les éléphants, sachez-le, sont des nuages…

 

Revenons sur Terre

En Asie, les éléphants sont respectés, dressés comme bêtes de somme ainsi qu’utilisés comme monture royale. Les hindouistes et les bouddhistes le vénèrent.

Au Laos plus particulièrement, la symbolique de l’éléphant s’est construite au cours de quatre étapes distinctes : des premiers Hommes au VIIe siècle après J.C.


Phase 1 : les premiers Hommes

Lorsque les premiers Hommes arrivèrent au Laos, ils vivaient en petits groupes éparpillés dans un milieu hostile : la forêt. Et dans la forêt, il y avait, pour eux, un terrible animal : l’éléphant. Terrible pourquoi ? Sans doute devait-il les impressionner par sa taille, sa force, son espérance de vie, mais peut-être aussi par son intelligence et son affectivité. Des qualités proches de celles de l’Homme non ?

L’éléphant est craint certes, mais il est aussi l’incarnation de puissants esprits de la forêt.

 

Phase 2 : vers le VIe siècle avant J.C.

Cette étape constitue un point essentiel à l’évolution de la symbolique de l’éléphant : il s’agit de la phase de domestication. Il devient non plus un ennemi mais un allié, et un allié de taille !

Très utile dans les travaux d’agriculture, l’éléphant est très apprécié pour sa puissance physique : traction de matériaux (aux alentours de Luang Prabang, les éléphants sont encore utilisés pour tirer les troncs de teck coupés dans la montagne vers les rive de la rivière Nam Kha), transports (de personnes ou de marchandises). Il est aussi un laboureur hors paires piétinant le sol profondément.

Sa domestication a révélé à l’Homme son incroyable intelligence. L’éléphant est en effet capable d’exécuter des ordres comportant plusieurs tâches enchaînées.

Au fil des siècles, les éléphants sauvages furent soient apprivoisés soit repoussés dans les montagnes. Ils servaient non seulement aux champs et aux transports comme on l’a dit plus haut mais aussi sur les champs de bataille. L’éléphant terrifiant laisse place à un esprit bénéfique, auquel rien ni personne ne peut résister. C’est devenu un symbole de longévité et de force et son intelligence rappelle aux Hommes une origine naturelle commune.

 

Phase 3 : mélange de croyances

L’influence indienne dans la symbolique de l’éléphant au Laos s’est faite par le sud du pays, par le biais de la culture Khmère présente dans la ville de Champassak, sur le site du Vat Phou. Puis, cette influence est remontée en suivant le Mékong, vers le nord du pays.

La vision indienne compléta celle des laotiens : l’éléphant est donc un symbole de force, de longévité, d’intelligence et aussi de fertilité. Car, souvenez-vous, l’éléphant est un nuage. A cause de sa couleur grise ? De ses formes arrondies ? De son penchant pour l’eau ? Selon la légende, lorsque l’éléphant descend sur Terre il amène avec lui l’eau des nuages, d’où le symbole de fertilité. Elle ajouta aussi à l’éléphant une étiquette de défenseur, de protecteur.

Indra, le « chef » des divinités hindoues est représenté monté sur le plus prestigieux des éléphants : Erawan, l’éléphant blanc à trois têtes. Les souverains d’Asie du Sud-Est se représentaient eux-mêmes sous la forme d’Erawan. Et les souverains sont les protecteurs de leur pays et de leur peuple.
On ne peut parler de l’hindouisme sans mentionner Ganesh, le dieu à tête d’éléphant, incarnation de la sagesse des pachydermes.

Ainsi sacralisé, l’éléphant est remplacé dans les champs par les buffles mais, sa force le rendait indispensable pour les travaux de traction et de transport. Il était aussi utilisé comme monture d’apparat.

L’éléphant était aussi un bien de prestige pouvant être offert, pris en butin ou donné en cadeau de mariage.

Aujourd’hui je pense que ce n’est plus le cas. En tout cas, les mahouts que j’ai rencontrés tenaient énormément à leurs animaux et leur relation avec eux est forte. Pour le mahout avec lequel j’ai passé le plus de temps l’éléphant était un cadeau de son père.

 

Phase 4 : le bouddhisme

Le bouddhisme laotien est le bouddhisme dit Theravâda :

« La doctrine du theravâda explique comment accéder soi-même à la délivrance en devenant un arahant (personne délivrée parce qu'elle a suivi la voie enseignée par le Bouddha sans bénéficier de l'omniscience), un bodhisattva (personne qui cherche absolument à devenir un bouddha pour enseigner en pratiquant les vertus dites pāramita) ou un sambuddha (« bouddha parfait », personne qui, possédant une compréhension parfaite des enseignements du Bouddha, accède à l'éveil et peut enseigner).
Elle rejette catégoriquement l'idée d'un dieu créateur et tout puissant, ainsi que l'idée d'un salut obtenu par la seule dévotion et le culte des reliques. En effet d'après le canon pāli, le Bouddha aurait dit : « On est son propre refuge, qui d'autre pourrait être le refuge » (Dhammapada, XII, 4). Cela signifie qu'on ne peut attendre de personne l'obtention de l'illumination, il faut chercher en soi-même la vérité et pour atteindre ce but suivre le Noble Chemin Octuple. »
(source : wikipedia)

Cette croyance s’implanta dans les régions de Vientiane et de Luang Prabang au cours du XIe siècle.

Dans le cycle des réincarnations, l’éléphant est la dernière étape avant celle de l’Homme.

Au cours de ses nombreuses vies, bouddha fut un éléphant et pas n’importe lequel, un éléphant blanc ! Dans les représentations picturales sur les murs des temples bouddha est très souvent représenté en compagnie de l’éléphant blanc. A la mort de bouddha, l’éléphant est le premier à venir lui rendre hommage.

L’éléphant blanc est un présage de paix, de prospérité et beaucoup plus anciennement un symbole royal.



15/04/2013
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