Hello Afrique

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La biodiversité

Le rapport à la nature

 

Je remarque au fil des mois que les béninois ont un rapport différent du nôtre face à la nature. Cela concerne surtout les enfants. Je les vois courir après les margouillats, tirer au lance-pierre sur les tourterelles, et pourquoi ? Pour les tuer, tout simplement. Aucun ne pense à l’équilibre fragile qui existe entre tous ces animaux.

Il les tue parce qu’ils pensent que ça transmet des maladies, parce que « c’est pas bon » comme ils disent ici, ou « juste comme ça ». Ils attrapent les oiseaux pour les revendre.

Chez les adultes, ils tuent plus certains animaux que d’autres parce qu’ils peuvent être la forme animale d’un sorcier. Si c’est une chauve-souris et que le soir elle rentre dans la maison, il faut absolument la tuer. En effet, ça peut être le sorcier, et un sorcier « qui voyage la nuit » ça veut dire qu’il vient pour vous tuer ou vous ensorceler.

 

Je pense que, autrefois, avec une présence plus forte du vaudoun, la nature était considérée autrement puisque cette religion est basée sur les esprits de la nature. L’évangélisation aidant, ils se sont éloignés de la nature.

Est-ce que ça aurait été autrement si on ne les avait pas convertis ou même colonisés ? Je pense que non. Toutes les civilisations, même reculées, sont entrées en contact avec l’homme blanc. Donc, tôt ou tard, la guerre des Sacs Plastiques aurait commencée. Au début de mon séjour j’ai fait comme tout le monde, je disais à ceux que je côtoyais d’arrêter de jeter les ordures dans la rue. Et aujourd’hui, qu’est-ce que je fais ? Pareil qu’eux. Puis quand y’en a trop, on brûle. Les enfants jouent à côté de cette fumée.

Je me suis bien sûr posée la question des sacs en papier. Mais comment les implanter ici alors qu’on n’y arrive même pas chez nous ? Et puis, le pays le plus influent au Bénin, c’est-à-dire la Chine, n’a pas les mêmes préoccupations environnementales que nous. Finalement l’Afrique fait comme nous : développement économique et richesses, puis, prise de conscience de la fragilité de la nature et de la raréfaction de l’eau potable.

C’est en particulier grâce au vaudoun qu’il reste encore des forêts dites primaires en Afrique de l’Ouest, car elles sont sacrées et qu’en général elles appartiennent à des familles.

Depuis les années 1950, les États africains ont considérablement augmenté les surfaces d’espaces protégés. Est-ce par intérêt de la préservation de l’environnement ou par appât du gain quand on sait qu’aucun autre hôtel que ceux de l’État ne peuvent s’implanter aux abords du parc de la Pendjari ?

 

Il est vrai que les africains ont d’autres préoccupations : manger est plus important que la préservation de l’environnement. Pourtant, ils ont remarqué le changement climatique et s’en inquiètent. Nous sommes fin février et les pluies de la petite saison sont déjà ici alors qu’elles tombent d’ordinaire fin mars début avril.

Certains font de la sensibilisation auprès des populations. Et ça fonctionne, localement. Il n’y a personne au gouvernement pour les soutenir. Les populations locales comptent donc sur le tourisme. Par exemple, dans l’Atakora, la chaîne de montagnes au nord ouest du Bénin, dans le village de Koussoukouingou, les habitants ont créé une association « La Perle de l’Atakora ». Elle regroupe des guides pris dans le village et formés. Les bénéfices sont reversés équitablement et servent à préserver leur environnement de vie et leur patrimoine architectural : les tatas sombas. Il y a différents circuits : faune et flore, tata »s et route coloniale allemande.

 

 

Le parc de la Pendjari

 

Le Bénin adhère à la Convention sur la Diversité Biologique en 1992, ce qui l’amène à conserver la diversité biologique, à l’utiliser durablement et à en partager équitablement les bénéfices. La Pendjari devient parc national en 1961. En 1986, elle devient Réserve de Biosphère du programme MAB/UNESCO.

 

La Réserve de Biosphère de la Pendjari (470000 ha) est constituée de deux zones : la partie cynégétique et la partie Parc National de la Pendjari. Cette dernière occupe une superficie de 266000 ha.

 

La réserve regroupe à elle seule neuf biotopes différents avec chacun ses habitants (liste non-exhaustive) :

 

Galerie forestière : Vervets, Éléphants, Gulbs, Céphalophes, Léopard, Vautours, Faucons et Gobe-mouches…

Rivière et mares : Hippopotames, Crocodiles, Varan, Martin-pêcheurs, Hérons, Cigognes, Ibis, canards…

Forêts ripicole : loutres, Mangoustes, Guêpiers…

- Forêt dense sèche : Vervets, Éléphants, Gulb, Céphalophes, Léopard, Calaos, Rolliers, Pigeons, Tourterelles, Touracos, Hiboux…

Forêt claire : Léopard, Éléphants, Buffles, Céphalophes, Genettes, Vervets, Merles, Grives…

Savane boisée : Hippotargues, Bubales, Porc-épiques, Civettes, Céphalophes, Éléphants, Tisserins, Grand-calaos, Loriots, Rolliers…

Savane herbeuse : Hyènes, Lions, Guépards, Phacochères, Cobes, Reduncas, Servals, Damalisques, Pintades, Perdrix, Serpentaires, Hirondelles, Jabirus, Outardes…

Savane arbustive : Babouins, Bubales, Mangoustes, Ourébis, Tisserins, Francolins, Outardes, Calaos…

Savane et colline boisée : Mièvres, Babouins, Léopards, Bubales, Damans, Ourébis, Bruants, Poules de roche, Traquets…

 

 

Le parc et les populations locales :

 

L’édification du parc a eu pour conséquence la délocalisation de nombreuses populations dont les habitudes se heurtèrent au monde scientifique .Par exemple, leurs pratiques de chasse, justifiée par les traditions alimentaires, la pharmacopée et les pratiques magico-religieuses. Cette pratique, devenue lucrative, se transforme en problème de gestion des ressources car certaines espèces du parc sont protégées et que le trafic international de l’ivoire reste d’actualité.

La pêche dans la rivière la Pendjari a été réglementée avec le Burkina Faso, et l’on peut observer les pêcheurs sur la rivière avec les hippopotames pas loin.

Les zones agricoles des paysans sont difficiles à contrôler. L’État et les organisations villageoises ont délimité une Zone d’Occupation Contrôlée de 3 à 5 km.

Aujourd’hui, les villages limitrophes ont collaboré avec la réserve pour créer un outil d’autocontrôle, les AVIGREF : Association Villageoise de Gestion des Réserves de Faune.

Ceci m’amène à parler de l’écotourisme car l’activité de la Réserve de la Biosphère de la Pendjari est génératrice de retombées économiques pour les populations riveraines.

Les recettes de chasses et de pêches sont reversées à hauteur de 30% aux associations villageoises.

Le tourisme cynégétique est en croissance. Dans la zone de chasse, guides et pisteurs sont des emplois saisonniers bienvenus pour l’économie régionale.

Les recettes directes provenant des chasseurs représentent 75% des recettes totales ! Les recettes tirées de la chasse et de la pêche sont reversées aux associations de villageois à hauteur de 30%.

Enfin, l’attractivité du parc plus le développement du tourisme dans la région de l’Atacora ont permis la création d’une centaine d’emplois directs et indirects. Dans cette région, l’écotourisme est la troisième activité économique après l’agriculture et l’élevage.

 

 

Les feux de brousse

 

On remarque la présence de cette activité lorsque l’on monte vers le nord du pays.

Cette pratique est couramment utilisée par les paysans mais aussi au Parc de la Pendjari afin d’assainir les pistes, de permettre aux touristes une vue plus large. Cela permet aussi de renouveler les herbes qui donnent alors de jeunes pousses, ce qui ravira tous les herbivores de la réserve !

Les villageois, envahis par les hautes herbes après la saison des pluies, pratiquent les feux de brousse pour lutter contre une microfaune dite dangereuse : comme les serpents par exemple.

Enfin, les éleveurs utilisent ces feux pour renouveler le pâturage de leur bétail. La pratique de la jachère étant courante, les agriculteurs brûlent ces champs au repos pour pouvoir replanter et avoir une terre fertile.

Même si aujourd’hui ces feux sont souvent l’œuvre de l’homme, à l’origine c’est la nature elle-même qui les provoquait. On peut dire que cette activité humaine a fait reculer la faune et disparaître la flore sur la route du nord du Bénin. Par exemple, dans les montagnes, autrefois on y voyait singes, antilopes, gazelles et beaucoup d’oiseaux, aujourd’hui, si on voit un rollier ou un calao, on a de la chance. Et ça c’est dû aux feux de brousse pratiqués par les femmes pour qu’elles puissent extraire des gros blocs de pierre, qu’elles redescendent au village pour en faire des graviers, autrement dit le travail des Daltons au pénitencier !

 

 

La pêche

 

En mer :

Elle se pratique sur de grosses pirogues pouvant pesant environ 800 kg, que les pêcheurs mettent et sortent de l’eau à la seule force de leur bras. Ils pagaient ensuite jusqu’à passer la barre des vagues. C’est seulement au-delà qu’ils montent une voile à l’aide de deux grands morceaux de bois. Leur gouvernail est une grande pagaie et une dérive, accrochée à une corde, est placée sur le côté du bateau.

Une pirogue de 800 kg mesure environ 10 mètres de long et 1,5 mètre de large avec une profondeur d’environ 80 cm. Les pêcheurs montent à 7 pour des journées de pêche de 5 à 6 heures durant lesquelles ils posent 8 filets. Ces journées rapportent en moyenne entre 40 et 70 kg de petits poissons.

Avec une pirogue plus grande, ils peuvent partir 3 jours en mer. En plus des filets, ils posent des palangres de surface (un câble entre deux bouées avec des hameçons qui pendent). De cette manière ils prennent des poissons beaucoup plus gros, dont des requins.

Sur la plage de Cotonou, on peut voir des pêcheurs à pieds jetant le plus loin possible un grand filet, marchand sur quelque mètre (un dans l’eau l’autre sur le sable), puis remontant le filet. Ils chalutent à pieds !

 

En eau douce :

Les pêcheurs pratiquent plusieurs types de pêche.

La première est la pêche à l’épervier : on lance dans l’eau et le plus loin possible de la pirogue un filet lesté qui se déploie largement dans les airs avant de retomber sur l’eau. Je suppose que les pêcheurs le ramènent à eux quand les plombs ont touché le fond. Je suppose aussi que lorsqu’ils le tirent, les plombs se rapprochent et referment le filet, prenant ainsi au piège les éventuels poissons.

 

Quelle est l’origine de cette pratique de pêche puisqu’on la retrouve jusqu’en Asie ?

 

La seconde technique est l’akadja. Cette technique de pêche originale a été mise au point par les Toffinus, du village de Ganvié établi à l’embouchure du fleuve l’Ouémé, et s’apparente à la pisciculture.

Les pêcheurs vont sur terre chercher branchages et feuilles de palmiers qu’ils plantent dans l’eau de façon à faire des enclos. L’espace est petit, de telle sorte que, seuls les petits poissons peuvent entrer. La décomposition des végétaux leur apportent beaucoup de nourriture. Ainsi, ayant bien grossi, ils ne peuvent plus sortir de l’enclos. Les pêcheurs les entourent ensuite de filets pour former un piège à poissons : les poissons se retrouve bloqués dans la partie en forme de nasse du filet. Les pêcheurs n’ont plus qu’à la relever. On trouve comme poissons : silures, carpes, soles, tilapias, mulets… car l’eau est saumâtre.

 

 

Les métiers de la terre

 

Le sud ou l’Afrique des paniers :

C’est au sud du Bénin, particulièrement dans le département de l’Ouémé-Plateaux, que l’on cultive les légumes. On trouve : les tomates, oignons, piments, salades, patates douces, pommes de terre, carottes, haricots verts, ainsi que les fleurs de bissap séchées, les plantes nécessaires à la préparation du crin-crin (ou gluant), le gombo…

Le sud offre un climat propice à la plantation de manioc, de maïs, de cocotiers, de palmiers, de bananiers, d’avocatiers.

Dans la vallée de l’Ouémé, la où j’habite, il y a une très grande nappe-phréatique. En effet, aux extrémités de Dangbo, on peut remarquer que l’eau sort du sol. Il y a donc certaines zones qui sont marécageuses et propices à la culture du riz.

La terre du sud est fertile car on a quatre saisons : deux sèches et deux humides et que l’on y trouve une terre noire et riche.

On appelle le sud du Bénin l’Afrique des paniers, car on peut voir les femmes portant sur la tête et dans les bras d’énormes paniers pleins de tomates, oignons et piments, allant à pieds ou en zems pour les vendre au marché.

Dans le sud, le palmier à huile représente une source de revenus exploitée par beaucoup d’habitants : tout est utilisé ! Avec les noix de palme on fait l’huile rouge, avec la sève on fait le vin de palme et le sodabi, les feuilles sont utilisées pour fabriquer des balais et pour nourrir les chèvres. Autrefois, du temps des colonies, le palmier à huile était la base de l’économie du pays. Aujourd’hui il est surtout utilisé par les femmes qui font l’huile rouge. Pour cela, on récupère les noix quand elles sont mûres, c’est-à-dire rouges, que l’on va ensuite écraser avec un peu d’eau. Si la production est pour le commerce, on cueille un grand nombre de noix que l’on met dans un grand bac en béton. Là, quelqu’un s’occupe de les écraser toute en marchand dessus d’une certaine manière. Si la production est juste familiale, on utilise le mortier. Ensuite, on filtre - les noix de palme sont pleines de fibres - pour récupérer l’huile.

 

Le nord ou l’Afrique des greniers :

La culture au nord du Bénin est plus céréalière. On y retrouve le mil, le sorgho, le manioc, l’igname…

Afin que les tubercules de manioc ou d’igname soient les plus grosses possible, les agriculteurs ont mis au point une étrange technique : ils font une butte de terre par pied planté ce qui permet au tubercule de bien se développer. On trouve ainsi sur le bord des routes des tubercules d’igname énorme ! On utilise le manioc pour faire une pâte, des beignets ou le transformer en tapioca. L’igname est pilée (fufu), ou mangée frite ou cuite à l’eau. Les mets sont toujours accompagnés de sauce tomate-oignons et de viande (le poisson est rare dans le nord). On fait aussi le tchouk, de la bière de mil à base de sorgho

 

Le centre-nord du pays produit les mangues pour le reste du pays, les champs de manguiers recouvrent le paysage de leur grosse masse verte.

 

A partir de Savalou (le moyen-Bénin) on peut voir des champs entiers d’anacardiers (l’arbre à noix de cajou). Cet arbre est d’origine d’Amérique tropicale, sans doute implantée au Bénin lors du commerce triangulaire. Il appartient à la famille des anacardiacées dont font aussi partie le pistachier et le manguier. C’est à Savalou que nous avons visité une usine de production de noix de cajous. A l’origine tout était manuel. Les machines qu’ils utilisaient avaient été entièrement inventées et mises au point par eux-mêmes. Les employés travaillaient debout, ils appuyaient sur une pédale pour coincer la noix de cajou et avec une manette qu’ils abaissaient, ils cassaient la coque pour récupérer la noix. Avant d’en arriver là, il fallait chauffer les fruits pour que la coque se durcisse. Une fois les noix récupérées, on les mettait dans un four pour les griller. Aujourd’hui, l’usine est en train de se mécaniser. Elle passera d’une production de 250 tonnes par an à 1500 tonnes par an.

A ne pas faire : croquer avec les dents une coque pas chauffée. Pourquoi ? Parce que c’est incassable et qu’une espèce de liquide hyper acide est contenu dans la coque. Alors, si vous ne voulez pas avoir mal à la gorge et voir la commissure de vos lèvres être brûlée par l’acide, abstenez-vous. Et oui, ça sent le vécu !

Les noix de cajous sont exportées vers l’Inde et le Pakistan.

Tout au long de la route qui mène vers le nord, on trouve des plantations de tecks, qu’ils utilisent sur place et qu’ils exportent.

 

La culture principale et la plus lucrative reste celle du coton. A la période des récoltes, on voit les camions chargés plus qu’il ne le faut traverser le Bénin du nord au sud pour rallier Cotonou et son port autonome. Aujourd’hui, cette filière est en crise.

 

D’autre part, il y a les éleveurs, le plus souvent des Peuls. Ils partent pour plusieurs heures ou plusieurs jours avec leur troupeau de buffles dans les montagnes de l’Atakora. Les chèvres, les moutons, les poules et pintades vivent en liberté et rentre à la maison d’eux-mêmes tous les soirs.

 

Enfin, hors catégorie parce que je ne sais pas où elles sont cultivées, on a les arachides ! On en fait de l’huile, on les grille, on en fait des galettes appelées couli-couli, on les grille puis on les lie avec du caramel, on en fait de la sauce, de la pâte, on les mange avec la bouillie… Bref, elles font partie du quotidien des béninois.

 

On l’appelle l’Afrique des greniers car, les paysans stockent leurs récoltes dans des greniers à grains. Une maison peut en avoir 4 ou plus ! Ce qui leur permet de conserver leur production à l’abri de l’humidité durant la saison des pluies.

Photos disponibles sur le lien suivant :

https://plus.google.com/photos/101372938184988355569/albums/5884862066722835713



08/03/2011
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