Hello Afrique

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Développement personnel

Je pense que pour vivre dans un pays, 3 à 6 mois ce n'est pas assez. En effet, j'ai remarqué que le développement et l'adaptation se déroule en phases de 3 mois environ.

 

La première phase est la découverte, l'étonnement, tout est beau, tout est bien. On découvre de nouveaux paysages, une nouvelle nourriture, une nouvelle manière de vivre. Le début c'est l'aventure. Pour moi ça tient plus du voyage que de la mission humanitaire, même si on est en activité. Au début on est spectateur. On regarde, sans spécialement analyser. C'est la période où l'on prend le plus de photos, tout et n'importe quoi, c'est à ce moment là que les pages de notre journal sont pleines et écrites régulièrement.

 

Pendant cette première phase j'étais surprise par ce que je voyais, mais pas choquée. Choquée signifie pour moi avoir remis les événements vécus en parallèle avec notre propre culture, et c'est ainsi que l'on voit les grosses différences entre nous. Puis vient la « déprime » du 3e mois, nostalgie de la famille, et cela marque pour moi le passage à la deuxième phase : le choc culturel.

 

Après la partie observation, on analyse ce que l'on vit par rapport à nos propres codes culturels. Je me suis sentie choquée par pas mal de choses, d'habitudes et de traditions.

Le choc s'est surtout situé pour moi au niveau de la parole. Je me suis rendue compte que les mots ont un pouvoir immense en Afrique : « la bouche est sacrée » comme ils disent ici. En effet, tout peut-être pris négativement ; il faut donc bien choisir ses mots pour empêcher bien souvent certains malentendus.

 

Ici, on parle le français béninois, c’est-à-dire que certains mots n’ont pas le même sens. De plus, un mot peut être facilement pris pour une insulte. Ici les insultes sont des critiques physiques de la personne : « elle a les pieds sales ». Cette difficulté avec les codes verbaux m’a souvent menée à des discussions de sourds avec mes collaborateurs béninois !

 

Cette période fut aussi caractérisée par un problème « d’acculturation » qui m’a personnellement concernée. Ça a commencé lorsque je me suis fait tresser avec des rajouts. Au début c’était cool, ça changeait, mais au bout de quatre jours, à force d’entendre les gens me dire « tu es béninoise maintenant », je ne savais plus qui j’étais. J’entendais souvent : « Pourquoi tu parles pas notre langue ? Pourquoi tu ne manges pas comme nous ? Pourquoi tu ne t’habilles pas comme nous ? ». J’avais l’impression qu’ils m’aspiraient en eux, qu’ils voulaient me transformer, qu’ils n’acceptaient pas l’étrangère que j’étais et que je devais devenir comme eux. Moi je ne voulais pas devenir béninoise. Du coup, à ce moment de mon adaptation, j’étais dans le rejet du pays, de la population, de la nourriture.

 

La troisième phase c'est « ici je suis chez moi, ici c'est mon pays ! ». Ça a changé à la venue de ma famille. Quand j’ai vu que par moment ils refusaient certains aspects du Bénin, j’en étais vexée et blessée. C’est là que je me suis rendue compte que j’étais vraiment attachée au Bénin.

 

De plus, j'ai beaucoup appris, notamment comment utiliser les mots, quelles erreurs culturelles simples à éviter. Je me rends compte que mon environnement de vie est propice au calme, à la détente avec une absence totale de stress. J’ai réappris à l’apprécier.

 

Pour moi, l’Afrique a cette particularité de se recentrer sur les choses essentielles de la vie. En France, nous sommes harcelés de partout, avec toutes ces publicités, cette télévision, les dernières nouveautés, je pense que les choix de vie que nous faisons sont influencés par notre environnement. En Afrique, où tout est épuré, on revient à l’essentiel.

 

Aujourd'hui, je fais comme les béninois, je mange parce qu'il le faut, pas parce que c'est bon ! Les pâtes, le riz, la semoule, la pâte, la sauce tomate... ce n’est pas fameux, du moins pas très varié. Du coup, comme eux, je mange en 5 min, et je n’y prends plus goût !

 

Cependant, si je devais rester encore un an au Bénin, je ne resterais pas dans une famille. La chicotte pour rien je n'en peu plus ! Je ne peux pas intervenir, je ne suis pas ici pour changer les méthodes d'éducation. Pourtant, la dernière fois j'ai failli parler, parce que en plus, les enfants rapportent aux parents des actions vraiment pas catastrophiques qui entraînent des punitions hors normes.

 

Par exemple : Firmine a rapporté au papa qu'Élysée l'avait arrosée. Où est le drame ? Il a demandé à Élysée si c'était vrai, et elle, prise de panique, a dit non. Pressentant la claque, je me suis levée pour porter mon assiette à la cuisine, pensant qu’il n’oserait pas la frapper en ma présence. Il n’en a rien fait, je n'ai jamais vu quelqu’un donner une gifle avec autant de puissance. Le regard d’Élysée après avoir reçu cette claque : la pauvre enfant était choquée et effrayée. Il repose la question, elle répond de nouveau non, et il la gifle de nouveau. J'avais mal pour elle, c'est tellement injuste. J’en viens à me demander si les enfants aiment rapporter pour voir les coupables se faire punir. Me dire qu’ils ne se rendent pas compte que ça pourrait engendrer une punition disproportionnée, je n’y croirais pas.

 

Actuellement, je suis partagée entre le désir de rester au Bénin et celui de rentrer pour revoir ma famille et mes amis !



01/05/2011
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